dimanche 23 septembre 2012

Un mécanisme d'appauvrissement : le métayage


Des années, des décennies de mise en œuvre  de programmes et de projets de développement...mais la grande majorité des malgaches restent toujours aussi pauvre, dans une précarité extrême. Trop de questions se sont posées. Est-ce que les réponses données ont-elles été les bonnes ? Ou nous-mettons- nous des œillères  sur certaines facettes de notre société ? On dirait que des mécanismes, apparemment inéluctables ont été mises en place pour garder ces populations dans cet état de précarité.

Hypothèse: le métayage est un des mécanismes d’appauvrissement en milieu rural. Bien sûr que l’hypothèse est à vérifier.

En quoi consiste ce mécanisme ? C’est un deal qui se fait généralement entre un citadin, qui sans apporter ni intrants ni semences, valorise sa propriété d’une ou des rizières ; il va pouvoir bénéficier des tiers de la récolte en riziculture. Les 2/3 restants reviendront au paysan…[1]

Si en moyenne, la superficie totale des rizières exploitées par un paysan est de 30 ares, généralement, celui qui s’occupe de ces rizières (« ny olona mikarakara ny tanimbarinay ») considérées ici, se débrouille pour les semences. Généralement, il opte sur les semences «zanatany»[2], qu’il a mis de côté durant l’année rizicole passée. Il faut effectivement une période de dormance avant qu’une partie de récolte puisse devenir des semences. Les semences "zanatany" ont l'avantage de résister aux maladies virales du riz comme le "mavo lavitra"[3]; ils résistent aussi aux manques et aux excédents d'eau (caprices de la nature). Mais ces semences "zanatany", contrairement aux "semences améliorées », donnent peu en rendement[4]. Généralement aussi, ceux qui sont des paysans métayers sont des paysans sans terre. Ils leur restent peu de marge de manœuvre pour négocier leur part auprès des propriétaires. D’ailleurs, ces taux de  1/3 pour le propriétaire et 2/3 pour le paysan est une pratique léguée de génération en génération. C’est devenu un «fomba fanao» (une pratique) raccourci à « fomba» (une tradition). Aussi toucher au taux établi revient à toucher au « fomba ». Exercice assez délicate !

Etant paysan pauvre, il n’a pas ou a très peu de zébus. Donc, il n'a pas de disponibilité de fumure de parc. A moins qu’il n’en achète et qu’il y ait ceux acceptent d’en vendre…Et si le coût de la charretée lui est accessible. Si nous prenons le cas optimiste qu’il ait des zébus et de la bouse pour la "fumure de fonds", deux zébus ne produiront pas suffisamment pour les 3 parcelles de 10 ares dont il s’occupe. De cette façon et même avec la méthode du repiquage en ligne (mais avec des plants dépiqués de 1 mois et demi), ceci va donner 1800 kg de paddy et au mieux un rendement de 2 tonnes 500 à l’ha. Avec le meilleur rendement cité ci-dessus, pour les 30 ares de rizières, ceci fait 833,3 Kg de paddy. Divisons ce dernier par 3, pour avoir la part du propriétaire (277 kg) et celle du paysan (556 kg)…pour tenir l’année avec une maisonnée de 5,9 personnes[5] !!! Avec des sacs de 60kg, cela lui fait 7 sacs de riz blanchi, sans avoir retiré les semences pour l’année prochaine !!! Et encore si la saison a été clémente (raha tsara ny taona !)

Le malgache préparant son déjeuner met une demi-mesure de kapoaka par adulte (en vary maina). Calculant ainsi la ration pour 3 adultes et  3 enfants en bas âge, il prépare ainsi 1 kg de riz pour le déjeuner et autant pour le déjeuner et le dîner (vary sosoa). Aussi la part de la relative bonne récolte de 556 kg de paddy, qui fait en fait  416 kg de riz blanchi, ne tiendra pour la maisonnée que quelques 200 jours dans l'année soit 6 à 7 mois. L'autre moitié est donc à assurer autrement (salariat, migration...). On peut dire que le métayage serait un des points d’ancrage de la "mécanique d’appauvrissement". Les « mpaka vokatra » seraient un des maillons du cycle d’appauvrissement.

Nombre de citadins des hautes terres sont des propriétaires « mpaka vokatra ». Ceux qui n’en font pas partie,  connaissent peu le cas. Mais ceux qui en sont, ne relèvera jamais ce mécanisme d'appauvrissement des paysans comme on dit en malgache : « tsy hisy hanaratsy tena toa ny omby atsika » « tsy hisy hilaza tena toa ny omby atsika » ou encore « hilaza tena toa ny lolo fotsy »…

Avec ce rendement, même avec deux récoltes par an, la famille paysanne ne peut jamais faire une accumulation primitive de capital. Il a peu de chance de bénéficier de prêt bancaire ou auprès de nombre d’organismes de petits crédits, car ce sont des paysans sans terre/ sans apport ni contrepartie [6], avec toute la volonté d’achat de « zezi-bazaha » 11-22-16, d’ailleurs hors de sa portée.

Dans le besoin, le paysan se fera « saraka an-tsaha », journalier en milieu rural. Qu’est-ce ? Entre 1500 Ar et 2000 Ar la journée, café de 10h  et déjeuner à la charge de l’employeur. Que c’est si peu à côté du prix de riz blanchi sur les marchés locaux ! Mais ils s’y font, faute de mieux…Ils ne savent pas faire autre chose que de cultiver le riz. Ceux qui, d’aventure, ont pu être des assistants («manœuvre») auprès de maçons, ou encore des menuisiers ou autres charpentiers, peuvent encore se faire engager comme maçon après 3 ou 4 chantiers…[7. ]Et ce pourrait être une petite issue, mais encore [8] !!!

La « mécanique » s’acharne avec les obligations sociales et familiales ("famadihana", "famokaran-drazana", sinon des cas de décès ou autres "sakalava diso"…) Des apports financiers conséquents sont requis là-dessus, même si l’événement est célébré de la manière la plus simple possible… Le paysan  obligé de recourir à des prêts auprès d’usuriers…à des taux "inimaginables"

L’autre solution est d’envoyer une de ses filles ou garçons en bas âge, comme « mpiasa » «irakiraka», « mpanampy », « mpitaiza zaza » dans les familles des milieux citadins[9]. Or l’on sait que 99,9% des malgaches ne peuvent se payer le « luxe » de salarier un « mpanampy » au salaire minimum d’embauche établi par la loi : voilà un autre broyage de la "mécanique".

L’étau de referme donc aussi sur ces enfants : déscolarisation, travaux d’enfant de moins de 15 ans…etc[10]. Adolescentes, très peu scolarisées, celles-là peuvent également tomber enceintes de leur petit ami, en ville. Et le cycle se referme…Une autre génération s’en viendra dans les mêmes conditions… sans espoir de passer dans les mécanismes d’enrichissement, que peu de gens partagent en plus…
_______________
[1] Ceci cadre donc au métayage au tiers. Il est dénommé « teloana ». Mais il y a aussi une autre fraction à la demie (misasaka). C’est le « teloana » qui est le plus courant sur les hautes terres de Madagascar.

[2] Semences rustiques

[3] Le Rice Yellow Mottle Virus ou RYMV, parmi les maladies virales identifiées. Là, il faudrait carrément bruler le peu de récolte qui en provient.

[4] Selon les paysans, les semences améliorées sont trop fragiles face aux maladies virales…et aux intempéries. Avec les avancées des recherches, y-aurait-il des semences plus résistantes ? On ne peut non plus piquer des semences parmi sa production propre ; il faudrait en racheter la saison suivante !

[5] Généralement, il y aurait toujours un dadabe ou/et une nenibe ou/et encore un dadatoa à la charge d’une famille, sinon des neveux/nièces, considérés comme des « zanaka tsy omby kibo » ou encore une sœur qui est parmi les « loloha »

[6] Il est encore acquis que la plupart des IMF (Institutions de micro finance) ne considèrent pas les certificats fonciers délivrés par les guichets fonciers. Jusqu’à quand ?

[7] Selon le maître maçon, les « manœuvres » peuvent à un certain moment, manipuler truelles, fil à plomb, niveau à eau… et apprendre les rudiments du métier…

[8] La plupart dans la communauté construisent eux-mêmes leur maison en pisée. Ce sont ceux qui fréquentent surtout les « riches », qui peuvent décrocher des chantiers de ce genre…travaillant les briques cuites et les fondations en moellons, en se faisant recommander par telle ou telle personne.

[9] Avec la crise en cours (2009-2012), « un tiers des enfants déclare ne plus aller à l’école depuis cette année, essentiellement parce qu’ils doivent travailler pour aider leur famille » http://www.aide-et-action.org/ewb_pages/a/actu4140.php

[10] Généralement, les « mpanampy » en bas âge, ne perçoivent pas leur salaire. Les parents viennent en ville pour s’en emparer, en vue d’aider la famille. Au moins, celle qui est « mpanampy » chez les autres est une bouche en moins à nourrir. Et ce souvent, sachant que les lois interdisent ces pratiques…

vendredi 13 juillet 2012

Conditions des enfants : Maria Katisoa


"Ny zanaka hono toy ny tanan'akanjo, atsipy, eo an-damosina
asavily, eo an-damosina ihany"
Proverbe malgache 
Litt.,: les enfants sont comme les manches d'habit,
qu'on les lance ou qu'on les jette, ils sont toujours sur votre dos)

              Les enfants...Nous en avons, nous en voyons tous les jours. Le spectacle matinal souvent relevé (ou intégré dans notre quotidien) que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural est le départ des enfants pour l'école...Mais les conditions sont tellement différentes...que ceci se  répercute aussi généralement sur la qualité des établissements (beauté et entretien des bâtiments, qualité des mobiliers et salles de classe, exigence de qualité des enseignants et de l'enseignement...)


              Cette chanson de Lolo sy ny tariny, composée vers le début des années socialistes (1978-1980), nous ramène à des situations qui apparemment sont immuables : en 30 ans, la situation est quasi la même, pour ne pas dire qu'elle a empiré... 


              "Maria katisoa" (1): une petite fille, entre 8 et 10 ans [?] ("zaza bodo, tsy hary nono", litt., innocente petite encore non pubère), "nefa efa matotra firesaka" (litt., pourtant toute mûre dans ses conversations) (2).  Elle réside dans un quartier pauvre, périphérique de la ville (Andohantapenaka est à limité de la Commune Urbaine d'Antananarivo; si l'on traverse l'Ikopa, affluent de la Betsiboka, par le pont, l'on passe dans la Commune rurale d'Andranonahoatra). Maria se lève tôt (5 heures) pour se mettre à la queue pour l'attente du kilo de riz quotidien...au bureau du fokontany (3). D'un père, ivrogne à l'hydromel (alcool frelaté, consommé dans les  quartiers pauvres: de l'alcool à bruler, bon marché à ces moments, car volé dans les établissements hospitaliers, et coupé avec un peu d'eau) et d'une mère prostituée...dans une maisonnée composée de 10 personnes. Quelle description dans ce texte ! Il a été tabou de parler de cette réalité  traduite dans ce texte, à l'époque !!!





              Maria n'a pas le coeur à rejoindre l'école, mais elle essaie tout de même de se remémorer des leçons de TAJEFI (4) (Tantara Jeografia sy Fitaizana ara-piarahamonina), dénomination malgachisée à ces moments de la matière intégrant histoire, géographie et éducation civique) et les leçons de KAJY (calcul) "Roa ampiana iray mira telo", (litt., Deux plus un font trois) et ... l'autre problème crucial : comment départager un kilo de riz pour les dix personnes de sa maisonnée ?... Pas facile quand on est petit et quand on a le ventre creux ! Toutefois, les maîtresses, dans leur pédagogie surannée, sévissent physiquement... ("lako > "lakoana"  = sévir physiquement) et que d'autant plus, que Maria va certainement somnoler en classe, avec ce réveil obligé de si bon matin. Aussi l'interpellation s'en vient "Aza lakoana izy madama, ny fiainany no sarotra !"(litt., épargnez-la, madame de vos sévices, sa vie est si difficile !).

              Les performances scolaires sont de fait, médiocres...Ce n'est pas seulement pour Maria, mais aussi pour les enfants de sa génération...: "Donto ny ankizy ankehitriny" et "Simba ny ankizy ankehitriny" (les enfants actuels sont peu réactifs, et les enfants actuels sont sacrifiés", à qui peut on rejeter la faute ? Quel avenir pour ces enfants ? (5)

              La situation n'a pas changé en mieux. Malheureusement, elle empire...

          Ceci vous est soumis, pour la perspicacité et la justesse du texte...pour dénoncer (déjà en 1978/1980) cette révoltante situation. 

          Les techniques pédagogiques sont à revoir, mais le contexte général d'appauvrissement de la population est aussi à traiter urgemment. Les mesures mises en oeuvre sont à renforcer : micro-crédit et appui à l'auto-emploi pour les parents (OTIV, CECAM, APEM...) formations professionnelles et placements dans des emplois (CEFOR...) mais ils sont encore circonscrits dans quelques centres urbains... Les efforts pour la scolarisation des enfants sont aussi là... Comment les retenir à l'école au delà des trois premières années de scolarisation, après lesquelles 60% d'entre eux, sortent du circuit scolaire ? (scolarisation obligatoire, cantine scolaire gratuite, accompagnement des parents...)

              Une véritable confection d'une politique éducative est urgente...Une politique confectionnée et défendue par les associations des parents d'élèves, celle qui ne changera pas avec la "valse des ministres de l'éducation nationale...

              En complément, au niveau local (fokontany et Commune), la définition de la politique communale de l'éducation devrait se faire...Elle doit être non pas confectionnée et décidée par des "panels de représentants", mais découle de réelles consultations publiques, Cette politique communale de l'éducation sera financée à terme, en partie par la Commune et en grande partie par l'Etat : les allocations financières devraient être assez conséquentes...


              "Maria Katisoa", un chef d'oeuvre parmi les chansons engagées malgaches. Tsy tontan'ny ela [malgré le temps, ce qu'il décrit est encore d'actualité...]...Les Maria Katisoa nous interpellent !!!

MARIA KATISOA

Miala any ary i Maria Katisoa
Monina ao Andohatampenaka
Zaza bodo, tsy hary nono
Nefa efa matotra firesaka

Niova ny ankizy ankehitriny
Fohazina alohan’ny amin’ny dimy
Mianatra kilalao vao
Mandahatra haron-kely
Eny ambaravaran’ny birao
Fokontany ireny

Kala Maria,
Maria Katisoa,
Ankizy ankehitriny ihany koa

Kala Maria,
Maria Katisoa,
Hanangana ny hoaviny (amin’inona moa)x2?

Miala any ary i Maria Katisoa
Kamokamo hamonjy lakilasy
Fa misafoto ao an-doha
Ny TAJEFY sy ny KAJY

Donto ny ankizy ankehitriny
An’iza moa ny tsiny
Raha tohizany hatrany am-pianarana
Ny torimaso tapaka
Aza lakoana izy madama
Ny fiainany no sarotra

Maty anie aho
Kala Maria,
Maria Katisoa,
Ankizy ankehitriny ihany koa

Kala Maria,
Maria Katisoa,
Hanangana ny hoaviny (amin’inona moa)x2?

Iny izy mitazana an’Ikopa
Mandeha mankany Betsiboka
Toa mandeha ra..

Miala any ary i Maria Katisoa
Roa ampiana iray mira telo
Fa ny mamaky ny loha
Vary iray kilao zaraina folo

Simba ny ankizy ankehitriny
Vesarin’ny fianakaviany
Ny ray andevozin’ny dirômelina
Matory anaty tatatra
Ny Reny mivaro-tena izay vao velona
Ny fiainany no sarotra

Maty anie aho
Kala Maria,
Maria Katisoa,
Ankizy ankehitriny ihany koa

Kala Maria,
Maria Katisoa,
Hanangana ny hoaviny (amin’inona moa)x2?

Iny izy mitazana an’Ikopa
Mandeha mankany Betsiboka
Toa mandeha ra..
MARIA KATISOA

Là voilà,  Maria Katisoa
Résidente d’ Andohatampenaka
Une innocente petite encore non pubère,
pourtant toute mûre dans ses conversations

Les enfants actuels ont changé (de rythme)
On les réveille avant 5 heures du matin
Pour apprendre de nouveaux jeux:
Mettre à la file de petites soubiques
Devant les bureaux
De ces fokontany

La Maria,
Maria Katisoa,
Est aussi un de ces enfants actuels

La Maria,
Maria Katisoa,
Avec quoi va-t-elle bâtir son avenir ?

Là voilà,  Maria Katisoa
Elle ne veut pas trop aller à l’école
Car se bousculent dans sa tête 
le TAJEFY et les calculs

Les enfants actuels sont peu réactifs
A qui va-t-on rejeter la faute 
S’ils reprennent, dans les salles de classe,
Leur sommeil dérangé ?
Ne la battez pas, madame (la maîtresse d'école)
Que sa vie est si difficile !

Zut,
La Maria,
Maria Katisoa,
Est aussi un de ces enfants actuels

La Maria,
Maria Katisoa,
Avec quoi va-t-elle bâtir son avenir ?

Là voilà, fixant du regard le fleuve Ikopa
Qui va se déverser vers la Betsiboka
D’une eau plutôt sanguine..

La voilà, la Maria Katisoa
Deux plus un font trois
Mais son grand problème est
Comment partager un kilo de riz en dix parts..

Les enfants actuels sont sacrifiés
Sous le poids de leur famille
Un père, esclave de l’hydromel
Dormant (toujours) dans les caniveaux
et une mère, qui se prostitue pour survivre
Que sa vie est si difficile !

Zut,
La Maria,
Maria Katisoa,
Est aussi un de ces enfants actuels

La Maria,
Maria Katisoa,
Avec quoi va-t-elle bâtir son avenir ?

Là voilà, fixant du regard le fleuve Ikopa
Allant se déverser vers la Betsiboka
D’une eau plutôt sanguine..

_________________________

(1) Katisoa : malgachisation de « quat’sous », un clin d’œil à Berthold Brecht et son « opéra de quat’sous »
Andohantapenaka est parmi les quartiers de transition des ruraux fraîchement établis en ville. Je me rappelle des remarques apportées par les responsables du CDA  (Centre de Développement d’Andohantapenaka) de la volatilité de la population qui y réside. Les premières installations des nouveaux migrants sont dans ce quartier, location d’une seule pièce, quelque soit le nombre de personnes à loger. Mais si la moyenne du nombre de personnes par ménage est de 5,9, le nombre 10, ici citée, n’est pas impossible, car la famille s’occupe toujours d’un grand-père et/ou d’une grand-mère, et/ou d’un oncle et/ou d’un neveu ou nièce… Lorsque l’on arrive à avoir des revenus relativement stables (petits commerces ou engagement comme salariés), des déménagements dans vers les quartiers de travail s’imposent… Et l'on quitte Andohantapenaka. Peut-on supposer que la famille de Maria est encore dans des recherches de cette stabilité ? Ou peut-on supposer la précarité des revenus provenant de la prostitution de la mère ?...
(2) La puberté est toujours signe de passage à la vie adulte pour les malgaches (miala sakana/ efa lehibe) ; pour Maria, c’est déjà la prise de responsabilités adultes avant l’heure (sans toutefois abandonner son cursus scolaire)
(3) Vers les années 78/80, il a été assigné aux fokontany de se charger de la vente des sacs de riz, attribués à sa population résidente. La pénurie a été telle que tous les jours il a fallu se mettre à la queue pour obtenir sa « ration ». Faute de pouvoir attendre devant le bureau de fokontany toute la matinée, ce sont les soubiques que l’on met à la queue leu leu, reprises par leur propriétaire lorsque le quota est ramené par charrette au bureau du fokontany
(4)Un des slogans de l’Etat socialiste a été « ankizy ankehitriny, mpanangana ny ho avy » (les enfants d’aujourd’hui sont les bâtisseurs de demain)
(5) La « malgachisation » menée en ces temps soit a repris des mots usités dans les variantes dialectales des régions, soit de mots créés comme le « takamoa » pour l’ampoule électrique, les « varingarina » pour cylindre, « mirazotra » pour parallèles…pour ne citer que ceux-là . TAJEFI a été l’une des créations de ces temps : acronyme de TAntara – JEografia – FIaraha-monina, dénomination délaissée à partir de 1992… 



vendredi 6 juillet 2012

Gouvernance et éducation...: opposition/opinions



La gestion des affaires publiques est encore très centralisée à Madagascar. Les relents de la gestion du temps des royaumes d'antan sont encore perceptibles. Tous ceux qui ont accédé au pouvoir (quel que soit le mode d'accession : élections restreintes, élections aux suffrages universelles, aggiornamiento, coup d'état...) ont toujours considéré qu'ils peuvent tout faire, car ils sont maîtres du pouvoir ("tompon'ny fahefana").

Quoiqu'ils fassent, ils ont toujours raison, même en flagrantes contradictions avec les lois et textes réglementaires en vigueur. Les institutions suprèmes telles la Haute Cour Constitutionnelle ou encore le CSI ou Conseil Supérieur des Institutions de la toute première république, gardiens des Lois Fondamentales, arrivent à s'incliner devant ces détenteurs de pouvoir... jugeant peut-être en leur âme et conscience, mais éclipsant cavalièrement certaines dispositions génantes.

Ce qui s'est passé en 2009 rappelle ce qui s'est déjà passé en 1972 : quoique les articles des Constitutions en vigueur aient disposé de la prise en charge du président du Sénat, en cas d'indisponibilité du Président de l'Exécutif, les hommes de loi ont trouvé les moyens de légaliser des décisions d'une flagrante inconstitutionnalité...

La corruption certainement aidant, les chantages ne sont pas à exclure car certains groupes détiendraient des dossiers sur les comptes personnels des juges. Le système est connu, mais tout le monde feint de ne pas être au courant. La crainte d'un déballage en public ou d'une remise sur tapis de ces dossiers est telle des rênes les retenant de se positionner en "opposants", contre les tous puissants détenteurs de pouvoir ("manampahefana"), notamment ceux de l'exécutif

Ce que l'on a dénommé "opposants" ("mpanohitra") durant l'époque des royaumes sont particulièrement ceux qui se positionnent différemment par rapport aux décisions des regnants.  L'on connaît ce qu'ils sont advenus.(1) 
 

Au sein de la populace, (ny ambanilanitra), ont été classés "mpanohitra", ceux qui ne participent pas à l'acceptation générale, lorsque le "lohavohitra" haranguant le public  devant le monarque, pose la question "N'est-ce pas ô peuple ?". L'unanimité de la réponse positive est requise. Ceux qui osent s'en départir ou ceux qui ont des objections sont considérés comme des opposants "mpanohitra".

En fait, la royauté ne digère pas la diversité des opinions. Les "mpanohitra" ou opposants sont susceptibles d'être arraisonnés, mis aux fers(gadra) (2) avec ou sans procès (qui, même tenu n'est nullement équitable ni juste),  exilés ou exécutés... Tout cela fait juste une centaine d'années !


Mais peu de choses ont changé depuis! Aussi, actuellement encore, les dirigeants ne conçoivent pas encore que certaines personnes soient classées "mpanohitra"/opposants ou se classent comme tels...: les traitements d'antan leur sont réservés: arraisonnements, emprisonnement (famonjana) avec ou sans procès (qui même tenu, n'est nullement ni juste ni équitable ),  mis en exil ou exécutés... Les pratiques n'ont nullement changées !

Malheureusement, parmi ce que l'on dénomme "peuple", personne  n'ose se prononcer contre ces pratiques. La "sagesse" dit-on est de se taire ! Sinon, tu es un pro- (mpomba) d'un opposant, ce qui est vraiment répréhensibles; si d'aventure, tu te positionnes pour l'opposant, "tu te crois sage" (mianakendry), avec tout ce que cette expression sous-entend (tu es plûtot "dingue"/"félé", si jamais tu oses...sachant quels traitements t'attendent)

Pour la communauté, l'individu, de surcroît jeune, ne doit avoir des opinions. C'est l'apanage des "anciens", des "zoky, ray aman-dreny" ("Izay manan-joky afaka olan-teny...sy hevitra". Trad litt., Tu laisses aux aînés, aux plus âgés que toi, prendre parole; tu te tais). Chez les antemoro, il faut que tu sois un "mâle" et dans la classe d'âge des "garageha" pour pouvoir participer à des décisions au sein du "tranobe" (3), lieu des grandes décisions communautaires... Or souvent, ces aînés ne consultent personne. Ils font valider leurs positions, leurs opinions. Autrement, tu t'opposes à eux, tu as droit à la question : "Oses-tu donc me contredire ? "mahasahy manohitra ahy izany ialahy ?" une phrase d'interpellation souvent entendue. 


Chez les antambahoaka, les ampanjaka osent dire "rom-boay io, ka izay mahasahy homana", (Litt., c'est un bouillon de caïman, oses-tu en prendre ? A tes risques et périls) à l'intention de ceux qui ne rejettent ni abandonnent leurs enfants jumeaux, considéré s comme "sandrana" (fady ou tabou sans rémission aucune). Ceux qui osent effectivement sont rejetés (avec l'assentiment de ces ampanjaka) de la communauté : interdits de fréquenter même les alentours du "tranobe", interdits de "sambatra" (circoncision communautaire)... interdits d'être ensevelis dans le tombeau familial... comble de situation communautaire et de l'exclusion!

Les malgaches n'ont pas appris à accepter ni la diversité des opinions et ni les choix individuels. 

Même en milieu scolaire, nous, qui avions fréquenté l'école, nous nous souvenons bien que les débats, l'expression et échanges d'appréciations n'ont pas tellement cours. Le "silence y est d'or" ! On entendait une mouche voler dans "une classe bien tenue" par le maître ou le professeur. On se tait. On écoute. On enregistre ! Les débats ouverts sont considérées comme de pures pertes de temps, selon de nombreux éducateurs. Les thématiques inscrits aux programmes officiels importent plus; et plus on débate, l'on risque de ne pas boucler "ces" programmes. "Refilez aux élèves les "vérités" et "comment les formuler", cela suffit amplement ! disent-ils. Les enseignants leur donnent même comment défendre ces "vérités". Ce sont les pratiques dans les fameux "exercices types et corrigés types" très prisés par les enseignants. Parmi ces élèves, ceux qui arrivent à MEMORISER et RESTITUER ces "leçons à apprendre" à leurs enseignants et autres interrogateurs sont sanctionnés de "bonnes notes", de diplômes !!! Autrement, ils ramassent les mauvaises appréciations allant jusqu'au redoublement de classe sinon l'exclusion car qualifiés de "maditra" (têtus, incorrigibles, etc....) Les récalcitrants, non conseillés par leurs parents sont qualifiés d' "apprentis- sages" (niana-kendry)  ou encore de "grosses têtes, incorrigibles" ("bebe saina"). 

La majorité se retient donc d'avoir des opinions personnelles, s'interdit de les exprimer. Les sujets de débats ne font pas partie des méthodes pédagogiques appliquées. L'on forme ainsi des "béni oui-oui" sur la base de dictons populaires, peu connus car dits sous cape tels "tsy mbola nisy namira loha bemanaiky" (Personne n'a jamais fracassé des têtes qui acquiècent) ou encore "loha manaiky tsa mba vaky" (une tête qui acquièce n'est jamais fracassée ni par les adultes ni les détenteurs de pouvoir) ! De cette façon, tu ne ramasses aucune remarque déplaisante/ rabrouements; dis "oui", quoique tu n'en es ni convaincu, ni prêt à les appliquer... Comment peux-t-on qualifier cela ?

Aussi, la "démocratie" ? C'est encore pour le moment, un grand mot ! S'il sous entend la liberté de pensée, la liberté d'expression, la liberté de presse...et autres lbertés dites fondamentales, la plupart les acceptent formellement pour éviter d'en débattre ("Ekena fotsiny mba tsy hifamaliana"). L'acceptation quoique publiquement formulée, ne signifie guère engagement d'une mise en pratique ! De la pure forme ! De l'apparence ! Du "politiquement correct". La "sagesse" est d'accepter leurs opinions, positionnements, décisions... à moins que tu aies du temps à perdre ! A moins que tu veux des grabuges ! ("mila raharaha"). C'est le début de la construction de l' "illusion participative" relevée par Chantal Blanc Pamard (4).

La République ? Idem. Tout ceci sont des mots, creux pour eux; d'ailleurs qui leur en parle d'une manière claire ? Qu'importe les mots, c'est toujours le même "fanjakana" (Etat) d'antan... T'es toujours récriminé si jamais tu oses t'opposer à ce qu'"ils" disent  !!i

A mon avis, des études plus approfondies méritent d'être menées avec ses dimensions anthropologiques, historiques et autres....Sinon, nous serions toujours en train de nous accrocher à un système, une pédagogie, des approches qui à vue d'oeil ont fait faillite. Nous le savons ! Ce que l'on entreprend ne sont que des  "menaka ahoso-bato" (huile ointe à un bloc de rocher dont on attend vainement une date d'accouchement. Un rocher n'accouche pas, bien sûr) . Sinon, pour nos actions,  j'utiliserais l'expression "mangahazo atora-kisoa" pour les qualifier!!! (ce n'est qu'une racine de manioc jetée en pature aux cochons, au lieu d'éloigner ceux-ci des cultures) 

Ces études relatives à chaque communauté d'intervention vont amener à des types de "focus groups" sinon l'on obèrera des points de vue et de réelles appréciations des vécus, des visions d'avenir... Le sérieux des travaux est requis avec le temps qu'il faudrait pour "ouvrir d'abord le coeur" (acquérir leur disponibilité de vraiment se confier) avant d'expliquer, de "raisonner", de comprendre ensemble les "contraintes" des uns et des autres (aussi bien les personnes, que les groupes ou les institutions)...

Cela prendra certainement du temps. Effectivement, l' "accélération" requise dans un pays ou le "moramora" a été encore de mise est à prendre par des pincettes...

Dans les associations, l'apprentissage d'une vie démocratique doit être réellement vécu et non un chèque en blanc à donner au "président", qui non seulement représente les membres, s'occupe des relations avec l'extérieur, administre toute la documentation administrative, gère les finances... mais définit aussi tout positionnement tout seul...au risque de se tromper....

Dans les écoles, les pratiques pédagogiques sont à revoir (urgemment) avec des accents sur la scolarisation, la formation d'enseignants de qualité, des supervisions sérieuses...et une véritable éducation civique, pratique, commençant par une meilleure connaissance et référence à la Constitution, à la Déclaration Universelle des droits de l'homme, les lois et règlements...

C'est ce qui, espérons-le, se déteindra au fur et à mesure sur la vie communautaire, et éventuellement dans la Commune...la structure administrative la plus proche de la communauté.

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(1) Dans le royaume merina on connait le sort attribué aux frères de Ilaidama, sort de Rabodolahy, fils adoptif d'Andrianampoinimerina issu de son "vadibe" Rambolamasoandro ,  sort du frère de Rabodolahy, le nommé Rakotovahiny, sort de Ramavolahy dit "Somotra" lequel est le fils aîné de sa femme Ramanantenasoa d'Alasora, tous mis à mort pour avoir refusé les divers choix du souverain.

On se rappelle aussi des assassinats organisés contre ceux qui ont voulu mettre sur le trône, en remplacement de Radama Ier, Razanakinimanjaka (dite aussi Iketaka ou princesse Raketaka) fille de Radama avec la princesse sakalava Rasalimo (laquelle est la fille du roi sakalava du Menabe, Ramitraho) ou le prince Rakotobe, neveu du roi...selon les dernières volontés du roi défunt : "c'est Raketaka qui règnera, secondée par Rakotobe". Ramavo, première femme du roi a eu raison des autres, en les éliminant tous : Rambolamasoandro, mère de Radama I, sa soeur Rabodosahondra, Ratefinanahary son beau-frère et époux de Rabodosahondra, Ralala son fidèle ami et Grand Juge, son cousin  Ramananolona Gouverneur de Fort Dauphin. Rafaralahiandriantiana son beau-frère, époux de Ravaozokiny, Gouverneur de Foulpointe, Razafinintaolo soeur de Rasata et petit neveu du roi,. Seul,  Ramanetaka, autre cousin du roi (et frère de Ramananolona), Gouverneur à Majunga, a pu s'enfuir à Anjouan avant l'arrivée des tueurs. Voir Moise Ramilamintsoa.- Taniko : Morceaux d'histoire et généalogie.- 
"http://takelaka.dts.mg/actionmd/taniko/monarchie3.htm"


(2) Gadra ombifohy, désigne les fers courts individualisés encerclant le cou, les deux mains et les deux pieds, reliés entre eux de façon à garder l’individu recroquevillé sur lui-même [cf. Weber, également Abinal et Malzac, ombifohy, action de lier fortement les criminels les pieds et les mains ensemble] Voir Firaketana cité par Ignace Rakoto
"http://www.taloha.info/document.php?id=123"


(3) Les groupes d'âge identifiés sont les "mavotroky" ou encore "mavotankibo" (des jeunes enfants, en fait), puis les "beminono" (entre 15 et 21 ans), ensuite les "ampanompo" (entre 22 et 30 ans), puis les "andriambaventy" (jusqu'à 45 ans)...Il faut que tu aies plus de 45 ans pour être "garageha" et commencer à pouvoir prendre parole... Voir B Chandon Moet.- Vohimasina. Village malgache.- Nouvelles Editions latines.-

(4) Chantal Blanc Pamard- Emmanuel Fouroux.- L'illusion participative. Exemples ouest malgaches.- Presses de Sciences Po Autrepart 2004/3 n°31 pp 3-19


jeudi 17 mai 2012

Alternatifs


La riziculture, une des activités principales des malgaches en milieu rural. C'est peut-être aussi une des raisons pour laquelle ils sont dans la pauvreté. La production selon les méthodes traditionnelles est relativement limitée car à raison de 0,800 kg à l'hectare, cela fait juste 266 Kg de paddy récoltés sur les 3 parcelles de 10 ares qu'ils entretiennent en moyenne dans 3 vallées différentes sur les hautes terres... Cela donne 200 kg de riz blanchis...pour une famille de 4 à 5 personnes...Même si l'on peut produire sur 2 saisons dans l'année (vary aloha et vary vakiambiaty), que les 400 kg sont dérisoires...pour l'auto-suffisance alimentaire des familles rurales...

Vers les années 1965-1967, l'on a commencé à vulgariser le repiquage en ligne (ketsa toratady);  avec l'application d'engrais chimiques (les fameux NPK11/22/16 ou 11/11/11), l'on a pu avoir jusqu'à 1,8 t/ha, mais n'est-ce pas encore si peu. Pourtant il fallait acheter les "zezi-bazaha" NPK, qu'il faille associer nécessairement aux zezi-pahitra...Ceux qui s'y sont adonnés se sont rapidement essoufflés car le prix de ces NPK a augmenté au fil des temps...inaccessibles; en fin de compte...Délaissés, au risque de "glacer" sa rizière...

Heureusement, que des chercheurs pratiquants s'y sont mis comme le Père de Laulanié. La fameuse SRI a été découverte chez nous, adoptée par d'autres pays avec des résultats étonnants allant jusqu'à 10 t/ha, donc 10 fois plus par rapport à la méthode traditionnelle ! Des outils alternatifs aussi s'en sont venus, relativement faciles à confectionner dont les "ragiragy"


Aussi, l'émottage est il plus aisé pour le paysan, au lieu de l'emploi de l'angady traditionnel ou encore du "hosi-tanimbary" nécessitant la mobilisation de nombreux zébus, déjà victimes des attaques des brigands (malaso, dahalo...)


Une seule personne peut s'y faire. La confection de tels outils est relativement simple pour le paysan. D'autres outils sont également expérimentés avec bonheur.


Mais il faut tout de même la collaboration des compétences au niveau des villages et des hameaux. Une coopération et une collaboration entre eux (mpandrafitra, mpanefy...) peuvent aboutir à d'ingénieuses inventions et fabrications... 

Pour le hersage...

Pour le planage...

Pour le désherbage, Tefy saina a aussi proposé et utilisé avec des paysans d'autres outils...



La question principale est donc : pourquoi la plupart de nos paysans en sont ils encore à l'angady et l'antsim-bary ? Avec 8 à 10t/ha n'est-ce pas encourageant ? La maîtrise de l'eau est prenante certes, mais des techniques sont également adaptées pour ce faire...

Pourquoi tout ceci n'est pas adopté par nos paysans ? La gestion des risques pour la famille paysanne face à des innovations en est une des causes. Un proverbe malgache énonce: "manetsa mahalana, ka ny atao no alaina" (littéralement, tu repiques espacé, tu récolteras moins". Selon la méthode traditionnelle, on essaie de repiquer serré ! Or pour repiquer selon cette méthode, il faut espacer les petits plants de riz de 25 à 30 cm ! Premier blocage ! "Sao dia manao ny tsy fanao eo !" |Litt., Et si nous sommes en train de procéder autrement ? (dite avec beaucoup d'appréhension et de doute)]


Les plants à repiquer sont par ailleurs des "plants à deux feuilles" [Ketsa zaza roa ravina] (de  6 à 15 jours), or nos paysans ont l'habitude des plants de 30 jours voire plus... La délicate manipulation dé ces plants est aussi à travailler...Deuxième blocage psychologique à l'instar d'un paysan du Vakinankaratra qui s'est exclamé : "Io ve no lazainareo fa tanimbary voaketsa ? Sao dia milaza loza io ?" (Litt., Vous appelez ceci une rizière repiquée ? C'est un porte- malheur dis donc !)... Il a été étonné de presque ne rien voir car les plants sont tellement petits ! Or à voir la suite...chaque "talle" est porteur de grains de riz...Le nombre de ces talles peut augmenter par 6 ou 10 avec cette  méthode SRI...



Aussi, il faudrait donc voir comment faire pour l'introduction des innovations auprès des paysans.

Les méthodes alternatives existent. Elles sont expérimentées.... Les faire adopter est une autre paire de manche... Avec le compostage, cette méthode SRI a fait ses preuves, adoptées dans d'autres pays...C'est à nous de mieux procéder avec nos paysans...

[Tous les éléments et photos de ce post ont été tirés de l'ouvrage "Voly vary maro anaka. Système de Riziculture Intensive" produit par Tefy Saina]
http://www.tefysaina.org/


samedi 7 avril 2012

Gouvernance et éducation : air du temps

Un article m'a frappé dans mes pérégrinations sur le net; le billet de Mgr Jacques Turck "le populisme : un nationalisme d'humeur", publié dans le magazine La Vie du 06 avril 2012. Apparemment, il y a similitudes entre les situations en France comme à Madagascar...comme dans le monde d'ailleurs. 

Un passage m'a particulièrement frappé : "Le populisme surfe sur la souffrance et l’inquiétude de personnes en situation de précarité ou insécurisées pour leur avenir immédiat. A leur égard fusent des promesses dont l’énoncé laisse apparaître un grand dynamisme. Le travail de communication des leaders populistes est intense. Il s’accompagne d’une grande mise en scène qui provoque l’empathie. L’ironie utilisée dans une rhétorique outrancière donne déjà le sentiment de la victoire." Quelles similitudes !!!!

A Madagascar, les revendications corporatistes sont connues : Seces, SMM, forestiers, ... Mais à côté, les considérations intéressées à accents régionalistes entretiennent les tensions et les amertumes des "clientèles"...La pauvreté, certes installées depuis des décennies, est entretenue pour garder en laisse les "clientèles" provenant de la plèbe (la populace)... La faible allocation du budget public vers l'éducation, la volonté de s'accrocher à un système éducatif suranné, préparant ses propres enfants pour des cursus universitaires français et maintenant cette plèbe dans des connaissances mécaniques simples et binaires en sont des preuves...(les "apprentissages fondamentaux" qu"ils disent, ne formant que de nombreux "marivo salosana"...manipulables)

Par ailleurs l'entretien de visions nombrilistes ("isika gasy ihany", "isika ho'aho milay", "ze afrikana ve ?", "tsy misy irarahiana ze communauté internationale any...) fait sombrer la nation, dans l'attente de toutes opportunités de "taper sur le vahiny" (OPK, Opération sinoa...) et de se saisir de leurs biens...et dans une autre échelle, "taper sur les riches locaux" et de se saisir de leurs biens...et encore "taper sur les madio lamba eo an-tanàna et se saisir de leurs biens...

Izany ve ? Asa aloha ê ! Je pourrais avoir tort dans mes petites analyses, mais j'aimerais être convaincu par d'autres sur d'autres visions & analyses de la situation. Je suis prêt à en discuter...entre amis.

Joyeuses Pâques à toi et que la résurrection du Christ nous apporte une renaissance sinon des renaissances...

Amicalement

mardi 3 avril 2012

Collaboration & créativité

Etrange !!!  Dans tous les bleds de Madagascar, nous avons des professeurs enseignants de sciences physiques et chimie (donc, enseignant notamment l'électricité). Par ailleurs, des bricoleurs habitant le même village, adoptent comme travaux rémunérateurs, et la réparation de bobines de générateurs de courant, et la réparation de batteries usées de voitures . Et ils y réussissent ! Puis, dans une grande partie de l'île, l'eau ruisselle; nous en avons à volonté, dans un pays tropical ! Et les bambous sont nombreux pour être utilisés comme tuyaux et amener l'eau des hauteurs vers les habitations ... 


Et pourtant, aucune de ces personnes, ni l'enseignant, ni le réparateur d'altérnateur, ni celui qui répare les batteries usées de voiture,  ayant des compétences complémentaires, n'ont l'électricité dans leur ménage respectif ! Or, l'eau qui ruisselle, gratuite, peut faire tourner des pales et fournir l'énergie mécanique ! L'alternateur, réparée peut transformer l'énergie mécanique en énergie électrique. Et la batterie peut emmagasiner l'électricité produite ! 




Cette photo, que nous avions ramenée de Bangkok, peut donner idée de l'installation ! Pourquoi sommes-nous incapables d'appliquer les compétences que nous avons engrangées? Ou est-il vraiment difficile, pour ces trois personnes, de se mettre à travailler ensemble ? Ou la pression de la société est-elle trop forte pour qu'on puisse avoir autres choses que ce qu'ont les autres ? "Miseho milay" (litt, se croient-ils plus intelligents que les autres ?)




Pourtant ceci pourrait améliorer le quotidien, sinon améliorer son revenu en vendant ses compétences ou productions !!! Les services de micro-crédits peuvent apporter le petit capital financier éventuellement utile ! Que faire pour faire évoluer les situations ?? Etrange!

Je voudrais vous partager mes opinions : la mauvaise qualité de l'éducation prodiguée nous handicape grandement !!! Puis des réformes sont toujours annoncées, "mises en oeuvre", mais les résultats se sont avérés lamentables !!! 


A mon avis, de grandes réformes doivent être mises en oeuvre dans nos écoles  !!! Le cadrage de l'éducation et de l'enseignement scolaire doit être revu. Quelles sont les mesures à prendre pour que l'amélioration de la vie quotidienne soit effective : habitation, adduction d'eau potable, électrification, alimentation,... Ce sont des indicateurs majeurs du welfare signifiant un développement. Comment faire par ailleurs pour que les formations cadrent avec des "créneaux porteurs" offerts par le marché du travail ?


La "créativité" et la "spontanéité" sont carrément tuées dans l'adoption de pédagogies surannées ... Pourtant nous nous y accrochons ! L'acceptation de cette créativité libèrera portant nos enfants, nos jeunes, du carcan de ce passé peu performant. La créativité dès l'école, jusqu'à présent, est contenue, inhibée par l'appréciation de "l'enfant sage comme une image", de l' "enfant qui obéit"...de la "salle de classe où l'on entend une mouche voler". Enfin !!! Je ne suis pas le premier à le crier ! 


Pour s'y faire, des travaux de communication et d' "influence" sont nécessaires !!! Une des raisons pourquoi je commence ce blog ZARA (andrana), même si ce n'est qu'un premier essai de partage avec vous !


Je voudrais tellement des échanges avec vous, échanges non limitées par l'espace car notre pays est si immense ! Un voeu, un essai que j'essaie de transformer... avec vous et avec votre collaboration active. 


Les critiques, les suggestions sont vivement recommandées. Plus on est nombreux, plus on rit, dit-on. Nous connaissons aussi l'adage bien malgaches qui énonce : "ny hevitry ny maro mahataka-davitra".

Vos commentaires et réactions sont donc sollicitées dans la fenêtre ci-dessous. Ne vous gênez pas! Ce ne sont pas les encouragements qui doivent primer, mais vos opinions, vos vécus, vos témoignages, vos remarques ! "Ny tao-trano tsy efan'ny irery ê!" (litt, on en peut construire tout seul une maison). 


Merci de votre collaboration !!!


A la prochaine !