jeudi 17 mai 2012

Alternatifs


La riziculture, une des activités principales des malgaches en milieu rural. C'est peut-être aussi une des raisons pour laquelle ils sont dans la pauvreté. La production selon les méthodes traditionnelles est relativement limitée car à raison de 0,800 kg à l'hectare, cela fait juste 266 Kg de paddy récoltés sur les 3 parcelles de 10 ares qu'ils entretiennent en moyenne dans 3 vallées différentes sur les hautes terres... Cela donne 200 kg de riz blanchis...pour une famille de 4 à 5 personnes...Même si l'on peut produire sur 2 saisons dans l'année (vary aloha et vary vakiambiaty), que les 400 kg sont dérisoires...pour l'auto-suffisance alimentaire des familles rurales...

Vers les années 1965-1967, l'on a commencé à vulgariser le repiquage en ligne (ketsa toratady);  avec l'application d'engrais chimiques (les fameux NPK11/22/16 ou 11/11/11), l'on a pu avoir jusqu'à 1,8 t/ha, mais n'est-ce pas encore si peu. Pourtant il fallait acheter les "zezi-bazaha" NPK, qu'il faille associer nécessairement aux zezi-pahitra...Ceux qui s'y sont adonnés se sont rapidement essoufflés car le prix de ces NPK a augmenté au fil des temps...inaccessibles; en fin de compte...Délaissés, au risque de "glacer" sa rizière...

Heureusement, que des chercheurs pratiquants s'y sont mis comme le Père de Laulanié. La fameuse SRI a été découverte chez nous, adoptée par d'autres pays avec des résultats étonnants allant jusqu'à 10 t/ha, donc 10 fois plus par rapport à la méthode traditionnelle ! Des outils alternatifs aussi s'en sont venus, relativement faciles à confectionner dont les "ragiragy"


Aussi, l'émottage est il plus aisé pour le paysan, au lieu de l'emploi de l'angady traditionnel ou encore du "hosi-tanimbary" nécessitant la mobilisation de nombreux zébus, déjà victimes des attaques des brigands (malaso, dahalo...)


Une seule personne peut s'y faire. La confection de tels outils est relativement simple pour le paysan. D'autres outils sont également expérimentés avec bonheur.


Mais il faut tout de même la collaboration des compétences au niveau des villages et des hameaux. Une coopération et une collaboration entre eux (mpandrafitra, mpanefy...) peuvent aboutir à d'ingénieuses inventions et fabrications... 

Pour le hersage...

Pour le planage...

Pour le désherbage, Tefy saina a aussi proposé et utilisé avec des paysans d'autres outils...



La question principale est donc : pourquoi la plupart de nos paysans en sont ils encore à l'angady et l'antsim-bary ? Avec 8 à 10t/ha n'est-ce pas encourageant ? La maîtrise de l'eau est prenante certes, mais des techniques sont également adaptées pour ce faire...

Pourquoi tout ceci n'est pas adopté par nos paysans ? La gestion des risques pour la famille paysanne face à des innovations en est une des causes. Un proverbe malgache énonce: "manetsa mahalana, ka ny atao no alaina" (littéralement, tu repiques espacé, tu récolteras moins". Selon la méthode traditionnelle, on essaie de repiquer serré ! Or pour repiquer selon cette méthode, il faut espacer les petits plants de riz de 25 à 30 cm ! Premier blocage ! "Sao dia manao ny tsy fanao eo !" |Litt., Et si nous sommes en train de procéder autrement ? (dite avec beaucoup d'appréhension et de doute)]


Les plants à repiquer sont par ailleurs des "plants à deux feuilles" [Ketsa zaza roa ravina] (de  6 à 15 jours), or nos paysans ont l'habitude des plants de 30 jours voire plus... La délicate manipulation dé ces plants est aussi à travailler...Deuxième blocage psychologique à l'instar d'un paysan du Vakinankaratra qui s'est exclamé : "Io ve no lazainareo fa tanimbary voaketsa ? Sao dia milaza loza io ?" (Litt., Vous appelez ceci une rizière repiquée ? C'est un porte- malheur dis donc !)... Il a été étonné de presque ne rien voir car les plants sont tellement petits ! Or à voir la suite...chaque "talle" est porteur de grains de riz...Le nombre de ces talles peut augmenter par 6 ou 10 avec cette  méthode SRI...



Aussi, il faudrait donc voir comment faire pour l'introduction des innovations auprès des paysans.

Les méthodes alternatives existent. Elles sont expérimentées.... Les faire adopter est une autre paire de manche... Avec le compostage, cette méthode SRI a fait ses preuves, adoptées dans d'autres pays...C'est à nous de mieux procéder avec nos paysans...

[Tous les éléments et photos de ce post ont été tirés de l'ouvrage "Voly vary maro anaka. Système de Riziculture Intensive" produit par Tefy Saina]
http://www.tefysaina.org/